Antoine Tshitungu Kongolo, Professeur Ordinaire attaché à la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Lubumbashi a pris part au symposium panafrica image, sound, texte organisé à KANAL-Centre Pompidou(Bruxelles) les 8 et 9 juin 2023.
« L’oubli de Paul Panda Farnana a eu des fâcheuses conséquences, car faussant la compréhension et la restitution de l’historique du panafricanisme, de sa diffusion et de son implantation en Afrique centrale, en particulier au Congo. »
Ce symposium constitue une occasion propice pour les éminents spécialistes, pour les militants de la cause ainsi que pour les non-initiés de questionner le panafricanisme, chacun en ce qui le concerne, en ses fondements historiques, éthiques, politiques et culturels. Et aussi de jauger son utilité et ses enjeux, à l’aune des problématiques contemporaines parmi lesquelles la lutte contre les pandémies, le réchauffement climatique, le clivage engendré par une mondialisation aux repères brouillés dont découlent un fossé vertigineux entre pays détenteurs de capitaux colossaux et de technologies innovantes et le reste du monde. Une mondialisation qui nourrit paradoxalement le rejet de l’autre se traduisant par le discours anti-migrants, par des manifestations de nationalismes identitaires, des postures autochtonistes et des poussées de racisme.
Que retenir de la Po(éthique), politique, et actualité du panafricanisme selon Antoine Tshitungu ?
Les propos du Professeur Antoine Tshitungu ont été axé sur les figures archétypales du mouvement panafricaniste avec un accent sur leurs apports respectifs, l’histoire du mouvement panafricaniste, à l’instar de Paul Panda Farnana, intellectuel congolais, formé en Belgique et en France, qui s’activa, aux côtés de Paul Otlet pour la tenue de la deuxième session du Congrès panafricain de 1921, sous la houlette de William Edward Burghardt, W.E.B. Dubois.Les apports du panafricanisme comme école de pensée plurale, comme foyer d’un renouvellement épistémologique de disciplines relevant de sciences humaines, comme projet universaliste et humaniste destiné à changer le monde ont été également dégagés.
Si pour certains, le panafricanisme a fait son temps, et appartient désormais au passé. Pour Antoine Tshitungu, cette interprétation minimaliste semble démentie par l’ancrage des idéaux panafricanistes dans la conscience des afro-descendants, de par le monde. Sur le continent primordial, la concrétisation de l’unité africaine cristallise les espoirs et mobilise une jeunesse, en rupture de ban avec les symboles et les réalités d’une domination étrangère, de moins en moins acceptée.Au fil des générations, les figures de référence du panafricanisme, et ses militants ont produit un corpus impressionnant de textes afro-centrés, aux formes variées, mais convergents quant à leurs fondamentaux éthiques, politiques et culturels dont la pertinence est loin de s’éroder, en d’autres termes, l’esprit panafricaniste pourrait et devrait à construire le monde de demain.Les universités et les écoles africaines sont appelées à insérer dans leurs programmes des cours sur le panafricanisme.